Wednesday, May 31, 2006

Victoire !

Je ne pouvais quand même pas écrire un article juste pour avoir le bonheur d’illustrer par cette photo… Un article pour vous parler du t-shirt de Julian Casablancas m’aurait paru bien superficiel… Remarquez, j’aurais pu vous parler du Summersonic Festival de 2003 au Japon…
Trêve de points de suspension ! J’ai découvert, par l’intermédiaire de ce blog, ce site. Mon nouveau hobby : quel était le n°1 des charts anglais et américains le jour de votre naissance ?
N°1 des charts anglais, une chanson que je connais pas : Careless Whisper, de George Michael. Faudra que j’écoute.
N°1 des charts américains, vous avez certainement déjà deviné… Ghostbusters, de Ray Parker Jr. La vie fait bien les choses.
Comment ça, il était quand même superficiel, mon article ? Il ne le vaut pas bien, Casablancas ? Allez, c’était mon quart d’heure groupie…

Miracle

Il faut économiser ses prières, choisir les espoirs qui valent la peine que le Grand Manie-tout vous donne un coup de pouce. Ainsi, alors que je me galère comme pas possible pour terminer ce mémoire et que la faim, les guerres, la cupidité ravagent ce monde, j’ai adressé une prière au Grand Manie-tout, l’autre soir, devant le générique de Double Cheese.
Double Cheese, je ne sais pas si vous connaissez, c’est cette émission sur MTV Pulse au générique immonde (un hamburger dégoûtant) qui vous propose pendant une heure une alternance de clips de deux artistes/groupes différents. Donc, vous l’aurez compris, une émission d’importance capitale face à tous les problèmes existentiels sur la surface du globe.
A chaque fois que je suis tombée sur cette émission, c’était des saletés de groupe de métal ou je ne sais quoi encore… Comprenez-moi bien, je n’ai rien contre les groupes de métal, sauf que quand je veux du Strokes, je ne veux pas du métal, je ne veux que du Strokes et je peux être désobligeante.
Vous vous souvenez de ce moment de pur bonheur que constitue le début de The End Has No End ? C’était la réponse du Grand Manie-tout. Le paradis : une heure de clips de Strokes m'attendait… ah non, il y avait ce deuxième artiste aussi… qui c’était déjà ? Ah oui, Ben Harper. Comprenez-moi bien, je n’ai rien contre Ben Harper, bien au contraire, mais pour le coup, il ne faisait pas le poids.
Les seuls moments où j’avais vu le clip de The End Has No End, c’était sur mon ordinateur, en tout petit, en mauvaise qualité. Et là, choc sur le grand écran de ma télé : je me suis rendue compte que Ryan Gentles (le manager des Strokes) jouait le rôle principal de ce clip ! Moquez-vous de moi, vous qui le saviez depuis longtemps, mais ça n’enlèvera rien à mon bonheur : Ryan Gentles est à un bal avec ses potes les Strokes, il a remarqué une fille et c’est Nick Valensi qui le pousse à aller l’aborder ! Tout ces passages m’avaient échappé !
Et puis se succèdent les clips : Juicebox, le clip censuré ; Heart In A Cage, le clip en noir et blanc plus érotique que le précédent ; Hard To Explain, ce clip étrange catalogue de bouts de film en tous genres ; Reptilia, un de mes préférés, comme quoi, on n’a pas besoin d’une histoire tordue dans un clip…
Je m’arrête deux secondes sur le clip de 12:51. Celui-là, c’est le summum de l’étrangeté. En soi, ce n’est pas un clip si bizarre, il est même assez basique : une sorte de vaisseau, des sortes de Strokes fluorescents… C’est juste que ça colle si peu à l’image des Strokes, après leurs clips ‘faits-maison’ de Is This It. Enfin, tout le côté futuriste va assez bien avec les sons distordus de la guitare de Valensi sur ce titre. Mais quand même, ça m’intrigue. D’ailleurs, le groupe ne s’est jamais privé de dire tout le mal qu’il pensait de ces clips, trouvant meilleure la pub EDF à laquelle il a donné la chanson The End Has No End.
L’émission s’est terminée par Last Nite, je crois. Un clip super, tourné live, avec tous les aléas du direct : des micros qui tombent, une guitare qui ne joue plus pendant quelques secondes… Et puis, à ne pas manquer, le fameux air blasé de Casablancas…
Dirigez-vous par là-bas pour voir tous ces clips. Vous y verrez également le clip de Someday, seul manquant à l’appel dans l’émission et pourtant, il en vaut le détour : des scènes de bar, une émission de jeu télévisé réunissant les Strokes et Guided by Voices… Enfin, quel clip des Strokes ne vaut pas le détour ? Je bondis d’impatience à l’idée du clip de You Only Live Once, plein de beaux musiciens, plein de boue !

Monday, May 29, 2006

Dans les bois éternels


Offert à ma maman hier. Chez nous, on est fans de Fred Vargas de fille en mère – c’est moi qui lui ai fait découvrir. Oui, le cadeau était un peu égoïste – rassurez-vous, j’ai fait passer la pilule avec trois autres paquets, à moitié financés par mon père d’ailleurs, puisque mes finances ne sont pas au beau fixe et que, après tout, si les femmes qu’on fêtait hier sont mères, c’est bien à cause/grâce aux pères. Bref, Fred Vargas.
Si vous ne connaissez pas Fred Vargas, je me vois dans le regret de vous dire de fermer cette page Internet immédiatement et de vous ruer dans la première librairie/bibliothèque/maison dans laquelle vous pourrez vous procurer un de ces terribles romans policiers ! J’ai commencé par Debout les morts, un bouquin génial construit autour de trois/quatre personnages super attachants, avec leurs défauts, qualités, idées fixes… bref, commencez par celui (parmi les dix qu’elle a déjà publiés) que vous voulez, de toute façon, quand vous en aurez lu un, il vous faudra les autres. (J’émets seulement une réserve sur Les jeux de l’amour et de la mort.)
Ma préférence va vers le personnage qu’elle a le plus souvent utilisé, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg – qui fait sa première apparition dans L’homme aux cercles bleus, si vous voulez lire chronologiquement. Un homme totalement désordonné, totalement rêveur, totalement irrésistible, pas dans le sens ordinaire du terme. Un flic qui n’a aucune rigueur ni méthode et c’est ce qui fait tout le charme de ses enquêtes.
Le roman de l’année dernière, Sous les vents de Neptune, m’avait littéralement clouée : ça n’était plus seulement un roman policier (mais qu’est-ce que seulement un roman policier ?), c’était également un voyage au Québec, un voyage dans la tête d’Adamsberg… bref, je ne voudrais pas en faire trop, ça vous dégoûterait (c’est déjà fait ?). Donc, quel bonheur d’apprendre qu’Adamsberg est de nouveau le personnage principal de ce nouveau roman, Dans les bois éternels !
Pour vous dire, juste avant d’emballer mon paquet cadeau, j’ai lu les premières pages. Vous voyez ça d’ici, j’ai lu un peu plus que les premières pages, puis j’arrive à la moitié, puis, quand même, ça va être l’heure : je décroche du bouquin, fais vite fait mon paquet et pars déjeuner. Après, je ne voudrais pas vous raconter ma vie (j’ai bien l’impression que depuis le début de ce post, c’est ce que je fais !) mais il se trouve que mon frère n’était pas au repas, que ma sœur a voulu faire un gâteau (gâteau au yaourt, si ça vous intéresse) donc on a reporté la ‘remise des cadeaux’ au goûter. Et donc, vous devinez la suite… Je défais avec toute la délicatesse possible mon paquet et continue ma lecture ! Honte sur moi, n’est-ce pas ?
La morale de cette histoire, c’est que le nouveau Fred Vargas, je l’ai adoré. Enfin, vous doutez certainement de mon objectivité et vous avez raison. Mais je ne sais pas si c’est celui que j’ai préféré jusqu’ici. Au risque de me répéter, le dernier était vraiment bon. Et Pars vite et reviens tard, toujours avec Adamsberg, était terrible aussi. Bon, il faudra que je les relise.
Pour finir, si mon aventure rocambolesque avec le paquet cadeau vous intéresse, figurez-vous que je n’ai pas fini le livre à temps pour le goûter. Mais qu’après, j’ai demandé à ma mère si je pouvais lui emprunter. Je sais, je suis une fille indigne.

Thursday, May 25, 2006

I can't win

That was you up on the mountain
All alone and all surrounded
Walking on the ground you're breaking
Laughing at the life you're wasting
1 - 2 tries won't do it
You do it all your life and you never get through it
Everything they had to say
Had been erased in just one day


Good try
We don't like it
Good try
We won't take that shit.


I can't win.


Things in bars that people do
When no one wants to talk to you
Failing can be quite a breeze, he
Told me that these girls were easy
Happy that you said you'd mount me
Felt unlucky when you found me
Some nights come up empty handed


Yes, I'll take it


Wait now
By the sidewalk
Hold on
Yes, I'll be right back.


I can't win.


Yeah, I
Wait for something
Cool it
We won't take that shit
Good try
We don't like it
Hold on
Yes, I'll be right back.



The Strokes

Thursday, May 18, 2006

Perturbée

L’album des Dirty Pretty Things, Waterloo To Anywhere, est formidable. J’essaierai d’en dire un mot plus tard – sans doute pas sur ce blog d’ailleurs. Mais donc, mardi, j’arrive à la BU où, c’est bien connu, il n’y a qu’une chose à faire, c’est s’installer dans un fauteuil et lire la presse. Je jette mon dévolu sur un Technikart, parce qu’il y a un article sur Dirty Pretty Things, ou plutôt, un article sur ‘Carl Barât : Ma vie sans Pete Doherty’. Hum.
Je parcours l’article tranquillement, me marre quand je tombe sur une déclaration de Carl, du style ‘En 2001, les Strokes sont venus nous faire chier en débarquant chez nous, en portant nos fringues, en nous piquant nos filles, notre public.’ Trop fort.
Et puis je lis la fin de l’article. Et je la relis encore. Je me demande tout à coup si je n’ai pas pris un vieux Technikart. Vieux genre 2004. Ben non : Waterloo To Anywhere, c’était la semaine dernière, non ? Alors le journaliste a halluciné. Avait bu. A inventé. Ou Carl est un comique.
Le journaliste lui demande s’il serait prêt à retravailler avec Pete. Carl, après un silence fatigué – belle tournure journalistique – répond, du bout des lèvres : Oui.
Pardon, j’ai mal entendu ?
Et puis mercredi, dans les Inrocks, une info : Carl aurait dit dans une interview pour le Scotsman qu’il aime à penser que les Libertines sont en pause. Pardon, j’ai mal entendu ? Que, par la nature même de sa relation avec Pete, ils pourraient être revenus sur scène avant même qu’on s’en rende compte. QUOI ?
Carl, arrête l’humour, contente-toi de faire ce que tu sais très bien faire : la musique.
Attends mais c’est l’hallu, ça ! On a mis des mois à se faire à l’idée que les Libs ne se reformeraient pas. A faire notre deuil. OK, on n’a pas encore terminé, mais Carl disait que l’histoire des Libertines, c’était essentiellement du gâchis. Non mais eh !
Je suis drôlement perturbée.

I Cannes Not

Ça y est, ça a commencé ! Je ne m’en suis même pas rendue compte ! Dire que ça faisait des années que je suivais ça : la cérémonie d’ouverture, les émissions quotidiennes sur Canal + (et l’année dernière, pour la première fois, sur CinéInfo, avec conférences de presse et tout…), les pronostics des uns et des autres… et puis, le palmarès ! Bon, j’avoue qu’après, je faisais très sélectivement mon choix pour aller voir des films parce que passer à Cannes, c’est loin d’être une garantie ! Mais c’était un peu important, cette période de l’année.
Je lisais Première. Et maintenant, ça fait des mois qu’ils s’entassent sans que je les ouvre. J’ai reçu il y a deux semaines ma première lettre de rappel, pour mon réabonnement. Votre passion pour le cinéma aurait-elle faibli ? Me demande-t-on. Je pourrais leur répondre qu’elle n’a pas faibli, ce n’est pas sa faute : elle s’est juste fait engloutir par le retour en force de ma passion pour la musique. Qu’au lieu de Première, j’achète Newcomer. Je lis Les Inrocks, Rock&Folk, et n’importe quel magazine rock qui me tombe sous la main.
Enfin, ça ne m’enlève toujours pas l’idée qu’un jour, je les monterai ces marches. Juste pour voir comment ça fait…

Monday, May 15, 2006

Par là, s’il vous plaît

En ce moment, tous les regards sont tournés vers un seul point, tout le monde n’a que trois mots à la bouche : Da Vinci Code. Après le bouquin, le film… D’ailleurs, entre les deux, il y a eu des tonnes de bouquins qui expliquent, d’émissions qui en parlent, de documentaires qui décryptent… bref.
Je suis de bonne foi, j’ai commencé ce livre. Je ne devais pas être d’humeur, je ne l’ai jamais terminé. Non pas que je l’ai trouvé horrible. Simplement, il y a trop de bons bouquins à lire pour une seule vie, alors pourquoi perdre du temps à lire un livre qui ne m’a pas accroché véritablement ?
Alors trêve de Da Vinci Code, voici un livre vraiment accrocheur : Période Glaciaire, de Nicolas de Crécy. S’il y a une chose dont je me souviens de la lecture du roman de Dan Brown, c’est qu’une partie se déroulait au Louvre. Période Glaciaire, pareil. Mais pas du tout même combat. Bande dessinée. Beau. Plein de trouvailles géniales.
Période Glaciaire est un ouvrage commandé à Nicolas de Crécy par un éditeur au musée du Louvre. Une sorte de partenariat pour promouvoir l’image du musée, probablement.
Je n’ai pas vraiment envie de vous raconter l’histoire : il est trop bon de se laisser emporter sans réfléchir dans ce livre. Une histoire futuriste, bien farfelue, drôle, inventive… Ce qui est vraiment dommage, c’est que sans doute personne ne l’adaptera jamais en film.

Saturday, May 06, 2006

Next Single

Ça me le fait à chaque fois. J’achète un album, je l’écoute, c’est le bonheur, et voilà que débarque la règle absolue du business musical : extraire le plus de singles possibles d’un album. A chaque fois, je me sens dépossédée. ‘Que j’aimais écouter tranquillement ma chanson, seule dans mon coin… oui, ma chanson ! Maintenant que ça passe à la radio, c’est la chanson de tout le monde…’ Ça ne vous fait jamais ça ?
Juicebox, Heart In A Cage… en juillet, ce sera You Only Live Once. Une chanson superbe : le premier titre du dernier album des Strokes. Si vous n’avez jamais eu le plaisir de l’entendre, allez faire un petit tour par ici.
Mais finalement, j’y réfléchissais. Un single signifie un clip. Et quand on voit le clip de Heart In A Cage… on a (j’ai) terriblement envie d’un autre clip. Et puis, sur le single d’Heart In A Cage, il y a cette magnifique reprise de la chanson des Ramones, Life Is A Gas. Encore plus belle, la magnifique démo de You Only Live Once, intitulée I’ll Try Anything Once. S’ils nous offrent autant pour le nouveau single, je consens à me faire déposséder. Mais pas à moins. Non négociable.

Friday, May 05, 2006

Réflexions stériles

Le post précédent m’a finalement amenée à réfléchir sur la posture du journaliste. Du journaliste rock plus précisément, puisque évidemment, on n’aborde pas l’actualité du monde de la même façon qu’on aborde l’actualité d’un groupe de rock, même si certaines règles journalistiques sont immuables.
Attention, je n’écris pas les lignes qui vont suivre en prétendant savoir ce qui fait un bon papier ! Je voulais juste exposer ce que moi j’apprécie dans les articles que je lis.
Je me souviens, quand j’étais au lycée, on avait étudié un texte intitulé ‘L’objectivité du journaliste est-elle possible ?’, quelque chose dans ce goût-là. Evidemment, je ne me rappelle pas le contenu de ce texte – eh, ça ne veut pas dire que ça fais si longtemps que ça que j’ai quitté le lycée ! – mais il me semble que la réponse aurait plutôt tendance à être négative. Qui peut prétendre à la totale objectivité, dans tous les domaines de la vie ? Dans un article sur une quelconque expression artistique – que ce soit la musique, le cinéma, le dessin, l’écriture… que les artistes dont j’ai oublié le domaine me pardonnent, je ne prétends pas à l’exhaustivité ! – la question se pose d’autant plus ou plutôt, selon moi, la question s’y pose comme une affirmation : non, pas d’objectivité, encore heureux !
Dans un devoir de philo sur ‘La beauté s’explique-t-elle ?’, j’avais construit ma dissertation sur un non assez catégorique. Je ne m’imagine pas un journaliste écrivant un article sur la beauté d’un disque en alignant les arguments ‘raisonnables’. Où est l’intérêt ? Evidemment, mon prof de philo ne l’avait pas entendu de cette oreille – la philosophie apprécie rarement un non comme réponse –, me démontrant le fait qu’en art, il y a des canons de la beauté que tout le monde reconnaît. Soit. Mais je suis trop ignorante – suis-je la seule ? – en tous les domaines pour pouvoir être sensible à ces ‘canons’ : parlez-moi des accords majeurs et mineurs que Beethoven a semés dans ses compositions… hum ! Parlez-moi de ce que vous ressentez à l’écoute de Beethoven, d’accord. Forcément, j’aurai envie de comprendre pourquoi vous éprouvez ça (c’est dans ma nature d’empêcheuse de tourner en rond) mais de toute façon, je ne trouverai jamais de réponse.
L’objectivité se décline en positif ou en négatif, bien sûr. Là, je me pose une question : où est l’intérêt de laisser un journaliste qui n’apprécie pas un groupe faire un papier sur ce même groupe ? (Je ne parle pas forcément des critiques de disques, parce que là, c’est encore un autre problème : il faut donner au lecteur/auditeur des repères dans la jungle des sorties mensuelles… De toute façon, quoiqu’il en soit, c’est problématique, vu qu’une critique dans un magazine, ça ne sera jamais représentatif, même si l’ambition d’une mauvaise critique sera quand même de vous épargner de gaspiller votre argent dans un disque qui n’en vaut pas la peine. Mais peut-être que vous, vous trouverez que ça en vaut la peine… Bref.) Je disais donc que ce que j’aime, quand je lis un magazine de rock, c’est ressentir toute la passion qui anime un journaliste à l’égard d’un groupe. Y a-t-il meilleur journaliste que celui qui arrive à vous faire vous intéresser, par l’enthousiasme qu’il met dans son article, à un groupe que vous n’aimez pas ? Les articles de pure indifférence, ça m’emmerde un peu.
Bon. Quoiqu’il en soit du contenu d’un article, peut-être que, plus important que la subjectivité, c’est l’honnêteté qui compte. Je m’explique : j’aime beaucoup savoir qui est le type (ou la fille) qui écrit l’article, ce qu’il aime comme musique, quelle est son histoire personnelle avec le groupe qu’il interviewe, par exemple. Evidemment, pour les lecteurs qui suivent Rock&Folk depuis des années, c’est facile : ils savent qui, il y a deux ans, a fait l’article sur machin, qui est fan de truc… ça n’est pas le cas de tout le monde. Je crois qu’à ce titre, c’est le magazine Newcomer qui emporte mon affection. Les types de Newcomer, avant l’interview d’un groupe, font souvent une introduction interminable, remplie d’anecdotes personnelles qui à la longue peuvent vous soûler mais qui sont aussi l’outil qui va vous permettre de savoir comment le journaliste a envisagé son article, son interview. (Promis, je n’ai pas d’actions chez Newcomer, mais en plus de tout ça, les photos sont superbes et la maquette tout autant ! Dommage qu’il ne sorte que tous les trois mois environ et qu’il soit aussi confidentiel dans les librairies…)
Bref. Je crois que j’ai dit tout ce que j’avais à dire, c’est-à-dire pas forcément grand chose de constructif, mais j’espère que je saurai prendre mes propres réflexions à mon compte !

Monday, May 01, 2006

Bitter Post

Si vous lisez l’anglais, que vous aimez un peu les Strokes et que vous éprouvez l’irrésistible envie de vous sentir amer, dirigez-vous de ce pas vers l’article de Q Magazine de ce mois-ci.
Le sommaire nous donne un avant-goût : We are in Kansas and we’re having a much better time than grumpy old Julian Casablancas. Ouais, grumpy, ça veut dire grincheux. Mais après tout, je savais que Casablancas n’était pas un très bon orateur en interviews et qu’il ne se prêtait de fait pas au jeu des questions/réponses de si bon gré. Mais peut-être certains journalistes pourraient-ils y mettre du leur, également ? Permettez-moi, Mister John Perry, de déverser mon amertume à la lecture de votre article.
L’article n’arrête pas. Il commence par nous confier qu’au Kansas et dans le reste du pays, New York et Los Angeles mis à part, les Strokes ne sont pas ce qu’ils sont en Europe, à savoir un groupe de rock d’une certaine importance. Bon, O.K. Dommage. Puis il enchaîne : le tourbus des Strokes est apparemment tout petit – on y tient à peine debout – et vaguely depressing. On commence à être dans l’ambiance. L’ambiance d’une tournée des Strokes : ils passent très peu de temps ensemble, et surtout, pendant les quelques jours que Q Magazine a passés avec eux, Casablancas a à peine échangé quelques mots avec les autres. Il n’en faut pas plus à l’auteur : it becomes clear that there are deep cracks beneath the surface of the band. Et il va s’appliquer à nous le démontrer pendant deux pages. Par exemple, alors qu’ils sont dans le tourbus, à regarder Braveheart, soudain, Casablancas s’empare de la télécommande et commence à zapper. Curiously, none of the band objects. Mais vous n’imaginez pas comme c’est un crime terrible qui à coup sûr va faire naître contre lui de terribles ressentiments et mettre en péril la vie du groupe !
Plus tard, quand il s’entretient avec Nikolaï Fraiture et Nick Valensi, on comprend mieux ce que veut le journaliste. Ce que veut tout journaliste. Que les Strokes lui parlent de leur vie de rockstars, de leurs excès… Malheureusement pour lui, on sait que les Strokes ont mis un frein à leur consommation d’alcool, et même de cigarettes. Il n’y aurait sinon pas eu de troisième album, dit le bassiste, c’est pour ça que Julian a arrêté de boire, pour se focaliser sur ce troisième album. Frustrant pour un journaliste, non ? Peu importe. S’il n’y a rien à dire sur aujourd’hui, sur leur vie tranquille de mecs sages, engagés dans des relations longue durée, on va parler d’hier : C’était dur de faire que Julian se mette au travail ? Demande le journaliste. Et Nick Valensi de répondre que c’était dur de travailler avec lui. On imagine facilement le regard avide du journaliste : dismoidismoitoutsurlestraversdeCasablancas ! Et Valensi finit par lâcher : When you get drink, some people get sentimental and happy, some people get kinda sad, other people get mean and violent – that was the kind of drinker Julian was. Inutile de vous dire que c’est la seule citation de l’article mise en exergue.
Et même si ce dont ils parlent, c’est le passé, même si Valensi dit que Casablancas a pris la décision de se calmer tout seul, même si Fraiture dit que ça n’était pas seulement le chanteur, que tous avaient besoin de se reprendre, c’est certainement à ce moment-là que John Perry a eu l’idée de l’orientation de son article.
A la fin de son texte, il échange quelques mots avec Casablancas. Non sans nous avoir rappelé à quel point celui-ci est tongue-tied when the ‘record’ light clicks on. (Plus haut dans l’article, alors que Casablancas signe des autographes, les fans, pour chaleureux qu’ils soient, n’arrivent pas à faire fondre le glaçon qu’il est : He is monosyllabic and awkward ; as uncomfortable with his fans as he is with journalists and photographers.) Alors quand le laconique chanteur parle de la fragilité du groupe, en terme de musique, quand il dit que tout pourrait se finir aussi vite que ça a commencé et que l’abruti de journaliste lui demande si cette fragilité est due aux relations à l’intérieur du groupe, on imagine le froid que ça jette. Est-ce que c’est la plus maline des méthodes journalistiques, la franchise brutale et absurde, quand l’interviewé est du type mal à l’aise ? Bref.
Finalement, je vous aurais résumé une grande partie de l’article. Bien sûr, j’ai tourné ça de façon à étayer mon propos sur l’aberrance de la façon de procéder de ce journaliste. Comme lui l’a fait pour étayer sa thèse selon laquelle entre les Strokes, tout va mal. Après tout, peut-être que c’est vrai. Peut-être y a-t-il de réelles tensions dans le groupe. Et puis je ne m’attends pas à ce que tous les articles soient favorables aux Strokes, bien au contraire. Seulement John Perry ne parle même pas de leur musique. A la rigueur, il se contente de constater que leurs concerts déchirent. Mais sinon, franchement, qu’est-ce que c’est que cette méthode ? Se contenter de ce qu’on voit pour interpréter : comme avant un concert, chacun est de son côté, vaquant à ses occupations, alors on en déduit qu’ils passent peu de temps ensemble. Et Casablancas qui ne parle pas avec les autres… le journaliste n’a-t-il pas écrit lui-même comment se comportait le chanteur en présence de fans, de photographes ou de journalistes ?
Ça n’est pas que je me voile la face à propos de l’avenir du groupe. Je vous l’ai dit dans le post précédent, ça m’inquiète. Seulement je ne comprends pas pourquoi, dans un article sur un groupe en tournée, c’est seulement l’alcool (qu’il n’y a pas) et les tensions qui sont exposés. Peut-être parce qu’il y a une part de vérité. Peut-être parce que ce journaliste ne sait pas faire son métier.
Je termine cet interminable post par un des temps forts de l’article. John Perry émet l’hypothèse, à la fin de son entretien avec le chanteur, que l’alcool avait peut-être quelques effets bénéfiques, qu’une personne créative a besoin de voir les choses sous des angles différents. Sure, murmure Casablancas, Unless you want to be happy, of course.